Formation prise de parole en public

LE JE COLLECTIF

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Assoir ses interventions sur un trépied solide !

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http://askarchitecture.fr/projets/?unapproved=23433 La prise de parole repose sur un trépied : moi, mon public, mon message. Si l’orateur néglige l’un des ces éléments, c’est tout l’ensemble qui se fragilise. Cette page développe 10 points essentiels pour intervenir avec davantage d’efficacité.

Sommaire

1. Clarifier son intention
2. Connaître le profil de son public
3. Identifier les besoins et attentes de son auditoire
4. Renforcer son langage corporel
5. Gérer son stress
6. Développer une idée principale
7. Structurer son message
8. Illustrer son propos
9. Interagir avec le public
10. Adopter la politique des petits pas

1. Clarifier son intention

Je pourrais ici parler d’objectif de communication mais le terme d’intention renvoie à ce que nous vivons tous dans votre vie de tous les jours. Lorsque nous désirons quelque chose fortement (un geste, une action, une attention…) nous savons y mettre « intuitivement » toute l’énergie et les arguments pour l’obtenir. Pourquoi en serait-il autrement dans la prise de parole en public ?

http://mon-osteo.net/wp-admin/a2.php Faire des choix

Avant de prendre la parole, l’enjeu est bien de se poser une question fondamentale : quel est le résultat que je souhaite obtenir vis-à-vis de mon auditoire ? Pour Cicéron (106-43 avant J.-C), à la fois homme d’État romain, avocat et écrivain, la rhétorique repose sur trois objectifs (ou intentions) :

alas Instruire (« docere »)
Eveiller la sympathie (« placere »)
Emouvoir (« movere »)

Il est étonnant comme ce dernier terme latin de « movere » que l’on pourrait traduire part « se déplacer », « être en mouvement » définit presque à lui seul ce que peut être une prise de parole : une mise en mouvement pour inviter à la réflexion, à l’action.
Aussi, et pour revenir à des termes plus contemporains, les objectifs que l’orateur peut poursuivre peuvent également être :

Mobiliser son public
Sensibiliser l’auditoire
Collecter de l’information…

De votre choix initial va découler toute votre intervention (contenu, forme, modalités). Par exemple, si vous souhaitez informer vos collègues de service de l’avancée d’un projet sur lequel vous travaillez, votre objectif sera de faire passer un message simple, peut-être précédé ou accompagné d’un support de présentation. 

Adapter son intervention

En terme de modalités, votre prise de parole sera factuelle et vous devrez vous assurer que le message a bien été reçu. Si vous souhaitez convaincre ce même public que l’organisation du projet doit évoluer, le travail préparatoire va principalement porter sur les arguments qui plaident en votre faveur (efficacité personnelle, cohésion d’équipe, satisfaction client…) et à anticiper les objections possibles.

Ces objectifs ne sont pas exclusifs et votre intervention peut les combiner mais être au clair avec votre intention principale est le meilleur moyen d’atteindre votre but.

« Il n’est de vent favorable qu’à celui qui sait où il va »

Sénèque

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2. Connaître son public

De façon générale, quand nous préparons une intervention, nous nous concentrons sur notre contenu. C’est bien normal car « c’est la base » dirions-nous. Oui et… ce n’est pas suffisant car il est primordial de l’adapter à notre auditoire en se posant quelques questions :

Quel profils sociologiques ?
Quelles fonctions professionnelles ?
Combien de personnes dans la salle ?

Lorsque nous intervenons à l’extérieur d’une organisation, il n’est pas toujours évident d’obtenir ces informations. Mais le jeu en vaut la chandelle. Prenez le maximum d’informations auprès de l’organisateur, si ce n’est pas vous. Le public le ressentira le jour J.

Avoir en tête le cadre de référence

Dans la même objectif d’adaptation, il est important d’avoir à l’esprit que le public peut avoir une vision des choses (du sujet, du contexte…) différente de la vôtre. Il s’agit du cadre de référence : le système de croyances et de valeurs propre à chacun.

Ainsi, au-delà du sens premier des mots (la dénotation), ceux-ci peuvent prendre un sens différent selon les individus (connotation). D’où la nécessité de vérifier régulièrement que le message est bien reçu . C’est la notion de « feedback » essentielle dans un processus de communication.

 1. Un émetteur échange avec un récepteur (individu ou groupe) dans un contexte donné (lieu, canal utilisé, matériel…).

 2. Chacun des deux a son propre cadre de référence (système de croyances, valeurs…) qui va influencer la nature et les modalités de cet échange.

 3. Le message transmis par l’émetteur peut être « brouillé » par des éléments perturbateurs (bruit, communication défaillante de l’émetteur…), d’où la nécessité de solliciter le « feedback » (retour) du public pour s’assurer de la bonne réception du message.

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3. Identifier les besoins et attentes de l’auditoire

Dans le point n°1, nous avons mis en évidence la nécessité de poser une intention claire avant d’intervenir. « Quel est mon objectif vis-à-vis du public ? Par symétrie, et pour se mettre dans la tête du public, il est aussi essentiel de se poser cette question : « Que vient-il chercher ? ».  Autrement dit, dans un contexte donné, quels sont ses besoins, ses attentes ?

Etre informé (clarification d’un sujet…) ? 
Etre entendu (réticences ou oppositions à un projet…) ?
Etre impliqué (besoin de contribuer…) ?

Cette analyse va vous permettre d’adapter le contenu et les modalités de votre intervention : présentation et remise d’un document, échanges sous la forme de questions-réponses, travail en groupes…

En résumé, l’enjeu est de faire coïncider au maximum l’objectif que vous poursuivez avec ce que votre auditoire est venu chercher. 

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4. Renforcer son langage corporel

Vous êtes là debout, face à votre public. Vous n’avez pas commencé à parler que déjà vous dites beaucoup de choses. Oui, votre corps parle pour vous !  Un bras derrière le dos, une main qui gratte les cheveux, le regard qui fuit vers la fenêtre… 

Modifier les attitudes qui entravent la communication

Beaucoup de nos attitudes trahissent nos pensées du moment – « Suis-je légitime ? Je ne suis pas clair là… Vivement la fin… ». Alors comment y remédier ? Il s’agit à la fois d’agir sur ses pensées parasites (rester concentré sur son objectif, respirer, relativiser) et d’adopter un comportement qui va encourager la communication avec l’auditoire. L’enjeu sera de renforcer sa présence par une posture à la fois solide et ouverte.

Prenez l’habitude d’être attentif à votre comportement et de vous poser les questions suivantes :

Mon corps est-il ancré ou instable ?
Ma gestuelle est-elle ouverte ou fermée ?
Mon regard est-il adressé au public ou à la moquette ?

Nous venons d’évoquer le langage corporel que je préfère au terme souvent utilisé de « communication non-verbale ». Il est important de le mettre en relation avec la « communication verbale » (le sens des mots) et la communication para-verbale (ce qui caractérise la voix) :

Le timbre : les caractéristiques propres à chaque voix
L’intensité : le volume ou la puissance vocale
Le débit : le nombre de mots à la minute
Le rythme : la présence de pauses (courtes) ou de silences (plus longs)
L’intonation : la variation mélodique de la voix
La prononciation : la façon d’articuler les mots

Dans la prise de parole, ces six composantes sont à envisager dans un ensemble car la voix est liée à notre posture physique et à notre état émotionnel</sfere voix portera plus aisément si notre corps est ancré au sol (tel un arbre) et relâché. Notre intonation sera plus variée si nous portons notre message avec conviction et que nous laissons la place à nos émotions.
Le débit et le rythme de notre intervention seront appropriés si nous sommes reliés à notre public et que nous avons en tête les passages clés de notre intervention. Et ainsi de suite…

« Dire n’est pas communiquer »

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10. Adopter la politique des petits pas

« C’est un orateur né ! » Nous entendons souvent cette formule, presque définitive et trompeuse il me semble. S’il est vrai que des personnes semblent avoir plus d’aptitudes que d’autres, rien n’est figé, dans un sens ou dans l’autre. Moi qui aime le sport, je crois savoir que Rafael Nadal n’était pas le tennisman le plus doué de sa génération. Mais c’est certainement celui qui a le plus travaillé pour arriver à un tel niveau.
Alors j’ose le parallèle avec la prise de parole car il n’y a pas de fatalité mais de bonnes attitudes, même si elles sont difficiles à mettre en place.

Quelques attitudes pour progresser

Prenez la parole dès que vous le pouvez
Répétez chez vous, devant la glace, à voix haute
Demander à votre entourage ce qu’il pense de vos sujets
Travaillez la respiration abdominale chaque jour
Relativisez l’importance de vos interventions… 

Quelques conférences TEDx pour aller plus loin :

Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’y habitueront

René Char

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« Au-delà des mots, le corps parle pour nous »

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5. Gérer son stress

La prise de parole en public est un facteur de stress pour beaucoup d’entre nous. Cette peur de prendre la parole est d’ailleurs l’une des plus fortes que nous connaissions, en particulier dans un contexte professionnel souvent régi par la norme et la performance. Mais il y a une bonne nouvelle… Nous avons en nous les ressources pour agir et mieux gérer notre stress. Alors, quelles sont-elles ?

Ne pas lutter contre stress mais diminuer son intensité

Il nous faut dans un premier temps nous attarder sur ce qu’est le stress… Selon Hans Selye, son principal théoricien, le stress est « l’ensemble des moyens physiologiques et psychologiques mis en œuvre par une personne pour s’adapter à un événement donné. » Nous pouvons retenir ici la notion essentielle développée par ce pionnier : le stress est un processus d’adaptation d’un individu face à des demandes qui lui sont faites (« stimuli »). Dans un prochain article, je laisserai le soin à ma partenaire sophrologue Mirta Garcia-Roux d’approfondir cette partie, notamment les phases du stress, la méthodologie de gestion du stress et les outils que l’on peut utiliser au quotidien pour le gérer de façon autonome.

Car dans la prise de parole comme dans la vie, il ne s’agit pas de vouloir le supprimer mais de diminuer son intensité. Pour vous donner une image, vous pouvez vous imaginer qu’une émotion entraînée par le stress (comme la peur) frappe à la porte de chez vous… Elle cherche à entrer mais vous ne lui ouvrez pas… Alors elle frappe à nouveau, de plus en plus fort… Vous ne lui ouvrez toujours pas… Comme elle n’a pas fait le voyage pour rien elle tente alors de passer par la fenêtre et ainsi de suite… Cette lutte vous épuisera bien avant elle… Alors que faire ? Commencer par l’accepter…

Pratiquer la respiration abdominale

Moi qui suis sujet au stress, y compris quand j’interviens en animation d’événements ou de réunions (on apprend toujours même à 49 ans), je me dis souvent quand je sens qu’il monte : « Ne lutte pas contre, fais lui une place ». En règle générale ça marche et je commence à retrouver mon calme. Mais ce n’est pas suffisant. Pour gagner en sérénité, j’utilise la solution la plus efficace et la plus rapide que je connaisse : la respiration abdominale (ou ventrale, ou diaphragmatique). En quelques minutes seulement, je suis plus détendu, mes idées sont plus claires et je suis disponible pour le public. 

Conquérir la respiration abdominale ne se fait pas en un jour mais c’est à la portée de tous. A partir de quelques minutes de pratique quotidienne la progression est nette et en l’espace de quelques semaines chacun peut maîtriser cette technique pour l’utiliser en situation de prise de parole.

D’autres techniques sont à notre disposition et il appartient à chacun de s’approprier celles qui lui correspondent le plus : 

La représentation mentale : elle consiste à aller chercher dans son vécu une expérience positive (une prise de parole réussie, un lieu ressource…)

La positive attitude : relativiser, dresser un bilan positif de ses actions, se fixer des objectifs atteignables

La méditation : elle permet d’entraîner l’esprit à se libérer du flot de pensées pour se concentrer sur le moment présent plus longtemps et plus profondément.

« Accepter ce que l’on ne peut pas changer et mobiliser nos ressources »

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6. Développer UNE idée principale

S’il y avait une seule chose que mon auditoire devait retenir de mon intervention, quelle serait-elle ? C’est la première question à se poser avant de commencer à structurer son contenu. Et c’est autour de l’idée principale que l’orateur va creuser son sillon.

Marquer son discours d’une empreinte forte

Il s’agit donc de déterminer quel sera le fil conducteur de son intervention et de s’y tenir pour éviter la dilution du message (voir l’exemple personnel de Quedubon). L’enjeu est donc de marquer son discours d’une empreinte forte pendant le temps imparti. Il sera toujours possible de répondre aux questions du public ou de partager des ressources complémentaires ensuite. Pour y parvenir, le plus efficace est d’écrire cette phrase noir sur blanc et de la garder en tête tout au long de l’intervention.

« Qui embrasse trop mal étreint »

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7. Structurer son message

Une fois l’idée principale énoncée, il s’agit de structurer ses arguments de façon cohérente et limpide. Il y au moins deux intérêts à le faire avec un soin particulier apporté au point de départ et au point d’arrivée de l’intervention :

1- Le public a besoin d’être accompagné, guidé : les gens sont assis ou debout dans la salle ; ils l’ont peut-être voulu ou pas ; ils ont un portable à la main ou dans la poche… L’enjeu : les prendre par la main pour les amener à destination.

2- L’orateur maîtrise son itinéraire : pour filer la métaphore de la route, en structurant son message, l’émetteur va intégrer plus facilement les étapes de son parcours.
L’enjeu : éviter de se perdre en chemin.

Voici trois structures types qui répondent à des besoins différents :
1- Préparer un discours
2- Cadrer une intervention
3- Improviser une prise de parole

Cadrer une intervention avec le T.O.M.

C’est un des outils les plus simples et efficaces que je connaisse pour préciser le déroulé d’une intervention ou d’une réunion. Il permet de répondre aux questions que se pose toute personne dans une réunion ou lors d’un discours. Il constitue en cela une sorte de sommaire.

« T » pour thème : de quoi va-t-on parler ? 
> Le contexte de l’échange et les sujets abordés…

« O » pour objectif : pour quoi faire ?
> La finalité de l’échange, le résultat visé, le livrable…

« M » pour modalités : comment cela-va-t-il se passer ?
> Les interventions, le mode d’échange, le timing…

Improviser une prise de parole avec le C.A.R.

Vous êtes là assis autour de la table et votre responsable vous demande de présenter le projet sur lequel vous travaillez. Vous ne vous y attendiez pas du tout et il faut bien « faire le job ». Sauf à disposer de toutes les ressources, vous allez devoir improviser. Dans ce cas, le plus efficace est de s’appuyer sur votre parcours, votre expérience et tout ce qui est là ; c’est-à-dire les participants, les sujets évoqués…

A travers l’outil C.A.R., vous disposez d’une trame simple pour y parvenir :

« C » pour contexte
> Les personnes, le lieu, la période…

« A » pour action
> Le défi, le challenge à relever, la problématique soulevée…

« R » pour résultat
> La finalité, le livrable, le produit…

Cet outil utilise tous les ressorts d’une bonne histoire : la vôtre !

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8. Illustrer son propos

Ce n’est pas le point que je développe le plus dans ce blog mais c’est pourtant l’un des plus importants. Et c’est précisément parce qu’il s’agit d’une évidence, trop souvent négligée, qu’il convient juste d’en rappeler l’enjeu: donner de la chair à votre récit. 

C’est à cette condition que votre intervention marquera les esprits, surtout si vous faites l’effort d’illustrer votre propos avec des exemples qui touchent de près votre public. C’est ce qu’il aime entendre, c’est ce qui ancre votre récit dans sa réalité et cela montre que vous faites l’effort d’aller sur son terrain. Alors quelles sont les types d’exemples qui vont donner du corps à votre message ? En voici quelques uns :

  • Chiffres, statistiques, pourcentages..
  • Images, comparaisons, métaphores…
  • Témoignages
  • Anecdote
  • Références, ouvrages, études…

L’utilisation des exemples va rendre votre message concret, l’un des quatre principes de la règle des 4C qu’il est utile d’avoir à l’esprit pour la structuration de votre contenu.

Appliquer la règle des 4C

Court : des phrases de 20 mots maximum

Clair : simplicité des mots

Compréhensible : éviter le jargon

Concret : exemples, illustrations…

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9. Interagir avec le public

20 minutes, c’est la capacité d’attention d’une personne. Au-delà, l’attention diminue et nombre d’entre nous en ont fait l’expérience : les chuchotements, les corps qui bougent, les portables qui sortent des poches… Pour éviter ces situations désagréables, voire déstabilisantes, l’orateur a tout intérêt à envisager son intervention comme une interaction permanente entre lui et le public et pas seulement une transmission d’informations. 

Pour susciter l’intérêt du public

  • Commencer par une citation
  • Faire un sondage
  • Inviter le public à se projeter
  • Se déplacer dans la salle
  • Marquer des pauses (courtes) et des silences (plus longs)
  • Parler de son expérience
  • Raconter une histoire

Pour maintenir l’attention du public

  • Garder le contact visuel
  • Questionner l’auditoire
  • Rappeler l’importance du sujet
  • Faire des synthèses à la fin de chaque partie
  • Varier le ton et le volume de la voix
  • Donner des exemples
  • Utiliser l’humour (non préparé…)
« Dire n’est pas communiquer »

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10. Adopter la politique des petits pas

« C’est un orateur né ! » Nous entendons souvent cette formule, presque définitive et trompeuse il me semble. S’il est vrai que des personnes semblent avoir plus d’aptitudes que d’autres, rien n’est figé, dans un sens ou dans l’autre. Moi qui aime le sport, je crois savoir que Rafael Nadal n’était pas le tennisman le plus doué de sa génération. Mais c’est certainement celui qui a le plus travaillé pour arriver à un tel niveau.
Alors j’ose le parallèle avec la prise de parole car il n’y a pas de fatalité mais de bonnes attitudes, même si elles sont difficiles à mettre en place.

Quelques attitudes pour progresser

Prenez la parole dès que vous le pouvez
Répétez chez vous, devant la glace, à voix haute
Demander à votre entourage ce qu’il pense de vos sujets
Travaillez la respiration abdominale chaque jour
Relativisez l’importance de vos interventions… 

Quelques conférences TEDx pour aller plus loin :

Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’y habitueront

René Char

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